La préparation physique n’est pas toujours bien vécue, tant du point de vue de la charge d’entraînement que de la relation entraîneur-sportif .

Quelles caractéristiques donner aux relations entraîneur-sportif pour faire émerger l’excellence en préservant l’intégrité mentale ?

Importance de la prise en main
Cette rencontre entre l’entraîneur et le sportif permet d’ajuster leur relation. La qualité de la prise en main conditionne pour partie la suite de cette relation :

• trop rigide, elle focalise l’attention sur les statuts et les rôles plus que sur les tâches et les enjeux,
• trop laxiste, elle laisse penser que tout est possible y compris les comportements excessifs.

Chaque saison sportive et chaque séance commencent par une prise en main. Chaque nouvel exercice doit être amorcé par une nouvelle prise en main.

Stimulantes
Il s’agit, pour un même effet recherché par l’entraîneur, de diversifier les exercices en faisant varier les situations, les tâches que le sportif doit réaliser et les buts qu’il doit atteindre.
L’aménagement de l’environnement et les consignes verbales sont des outils pédagogiques à utiliser sans modération. A l’inverse, la démonstration⁽¹⁾ sera utilisée de façon plus modérée car en plus d’étouffer la créativité, elle offre une solution que tous ne peuvent pas s’approprier du fait de différences morphologiques notamment. Le niveau de difficulté des tâches devra être suffisamment élevé pour poser un nouveau problème au sportif, mais pas trop élevé pour que le sportif puisse finir par réussir : Les psychologues parlent de difficulté optimale ou de "délicieuse incertitude" (e.g. : Famose, 1993)…

Rassurantes
Informer, c’est réduire l’incertitude, donc abaisser l’anxiété. Pour rassurer le sportif, l’entraîneur doit l’informer, par un discours optimiste, sur les tâches à réaliser puis sur son activité. Ceci vise à :

• induire, chez le sportif, des expectations ou représentations mentales des chances de réussir, positives avant de réaliser une tâche.
• à informer le sportif, après plusieurs essais ou répétitions, des variables qui ont été bien contrôlées et celles qui doivent être mieux contrôlées.

Le sportif rassuré peut alors mieux se concentrer sur les tâches.

Valorisantes
Les remarques désobligeantes voire humiliantes et autres jeux de mise en boîte sont des formes de "dressage humain", mais certainement pas d’éducation à l’autonomie. On obtient des résultats meilleurs et durables avec des feed-back positifs mais réalistes, ponctués par l’évocation non-dramatique de quelques points à améliorer ainsi que des pistes ou des moyens (techniques, matériels ou intellectuels) pour les améliorer : Une approche bien plus humaniste.
Ceci est possible à condition de ne pas être confrontés à des personnes qui cherchent à nuire à l’autre (Hirigoyen, 1999).

Collaboratives
Les exemples de management, connus de certains milieux, inspirent encore de nombreux entraîneurs et sportifs qui ne conçoivent plus la relation pédagogique que sous la "forme" domination-soumission. Cette conception binaire des relations humaines ferment les perspectives d’évolution et d’épanouissement : Personne n’en sort grandi. On ne peut plus s’étonner alors que certains abandonnent leur pratique sportive pour rechercher un environnement plus épanouissant.
Les relations de collaboration et de coopération sont des alternatives aux relations de domination. Ceci n’est possible qu’à condition de partager les responsabilités, donc de repenser ce concept et de le présenter en soulignant les deux idées suivantes :

1. Etre responsable, ce n’est pas d’abord être considéré comme une cible à démolir en cas d’échec.
2. Etre responsable, c’est prendre en charge un problème, c’est-à-dire mobiliser des compétences pour trouver et mettre en œuvre des solutions, y compris collectivement.

Accepter le partage des responsabilités dépend autant de l’entraîneur que du sportif. C’est un travail sur soi qui consiste à reconnaître les compétences de l’autre, donc à ne pas chercher à contrôler son activité voire à se substituer à lui.

Conclusion
Cette caractérisation "idéalisée" de la relation pédagogique ne doit pas occulter :

• le déséquilibre de la relation entraîneur-sportif (détention du savoir et du pouvoir, des droits et des devoirs),
• la part de responsabilité du sportif.

En effet, face aux comportements exécrables de certains, il serait naïf voire périlleux de n’expérimenter que des solutions fondées sur un pseudo-problème de compréhension…
Cependant, «  Pour communiquer, il faut être au moins deux ». Ce qui apparaît comme une évidence doit être repensé : Les réactions de chacun sont le produit de l’interaction avec l’autre. Chaque interlocuteur est donc responsable de la qualité de ses relations avec l’autre : Les réactions immédiates sont souvent les plus adoptées mais rarement les plus adaptées. Dans la précipitation (communication du "tac au tac"), on oublie qu’il existe une infinité de réactions possibles, y compris en dehors du cadre de référence (Watzlawick & Col., 2000) ; les meilleures étant le plus souvent différées car pensées, construites et mieux contrôlées.

Références :

• Famose, J-P. (1993). Cognition et performance. Publication INSEP. Paris.
• Hirigoyen, M-F. (1999). Le harcèlement moral. La violence perverse au quotidien. Edition Syros.
• Watzlawick, P., Fish, R., & Weakland, J. (2000). Changement, paradoxe et psychothérapie. Edition Seuil.

⁽¹⁾ Bien que l’imitation soit l’une des principales formes d’apprentissage, la démonstration induit des problèmes, par exemple :

• ce qui doit être repris n’est pas toujours visuel (proprioceptif...) voire abstrait.
• en proposant des solutions toutes faites, la démonstration tend à inhiber la créativité.
• il n’est pas toujours possible de démontrer (niveau de pratique, âge…).