Accueil > Enseignements > Education Physique et Sportive > Quels sont les effets de l’activité physique sur l’organisme ?

Quels sont les effets de l’activité physique sur l’organisme ?

« Dans les pays industrialisés, la sédentarité a des effets aussi néfastes sur la santé publique que le tabagisme » Martin-Diener (2009). Selon l’OMS, l’activité physique quotidienne est devenue insuffisante ; Le minimum recommandé est de 30 minutes par jour d’activité physique "provoquant un léger essoufflement" ou une heure de marche soit 10.000 pas…
Nombreux sont ceux qui voit dans le sport une solution pour éviter les effets délétères de la sédentarité. Pourtant, l’actualité sportive ne montre pas toujours le sport comme synonyme de santé.

  • Quelle activité physique convient le mieux pour la santé : le sport, l’éducation physique, la préparation physique… ?
  • Quelles caractéristiques donner aux activités physiques pour la prévention-santé ?
  • Comment faire de la préparation physique un moyen de prévention pour la santé ?

Sport, éducation physique et activité physique… pour la santé ?
Pour le plus grand nombre, le sport serait l’exercice physique auquel on s’adonne avec plus ou moins de régularité (During, 1993) : Allant du footing hebdomadaire aux activités à la neige ou à la mer, en passant par la remise en forme voire l’éducation physique.
Mais au sens strict, le sport, ce n’est pas l’activité physique d’entretien. Aussi, c’est avec un tout autre point de vue que les spécialistes utilisent le terme "sport" pour faire référence à l’« ensemble de situations motrices codifiées sous forme de compétition et institutionnalisées  » (Parlebas, 1981, 1992). Autrement dit, le sport viserait la production de performances en compétition.
La diversité de sens est encore plus grande concernant l’éducation physique, la culture physique, les activités physiques de remise en forme, les arts martiaux, la préparation physique…
Penser l’activité physique de prévention-santé implique de bien caractériser et différencier ces formes de pratique d’activités physiques.

Par ses objectifs compétitifs et ses enjeux politiques, le sport, au sens strict, n’apparaît pas comme la solution de prévention-santé unique et sans doute pas la plus pertinente.
Pour l’école, l’un des objectifs de l’éducation physique est de «  permettre à chaque élève […] de savoir gérer sa vie physique ». Cela fait implicitement référence aux notions d’hygiène de vie et de prévention-santé. Elle cherche ainsi à sensibiliser les jeunes aux relations entre les activités physiques et la santé. Par ailleurs, l’éducation physique n’est pas le monopole de l’Education Nationale. En France, plusieurs grandes fédérations qui se disent de l’éducation physique revendiquent leur contribution au sport-santé en dehors du cadre scolaire, comme par exemple la Fédération Française d’Education Physique et de Gymnastique Volontaire (FFEPGV) ; le terme "sport" étant entendu au sens large.
Les salles de remise en forme proposent des activités de culture physique, de fitness et de musculation et de bien-être. Si les effets sur la santé peuvent être observés, ces activités y sont rarement pensées et opérationnalisées pour la prise en charge ou la prévention de problèmes de santé particuliers : Asthme, arthrose, lombalgie, cancer...
Mais, la prévention-santé n’exclue pas les sportifs ambitieux ou non. C’est le plus souvent un travail d’équipe, impliquant à minima un médecin et un entraîneur avec un rôle plus volontiers dévolu au préparateur physique. En effet, la mission prophylactique de la préparation physique va bien au-delà de ne pas être blessé au jour J. Là aussi, il s’agit d’individualiser l’approche à la fois pour être le plus performant possible au jour J tout en préservant le capital santé du sportif.

Place de la préparation physique
Elle peut prendre plusieurs formes et elle n’est pas réservée aux seuls sportifs compétiteurs. En effet, la préparation physique est aussi au planning de :

  • professionnels (militaires, pompiers, "gens" du spectacle…),
  • d’étudiants préparant des épreuves d’examen ou un concours (épreuves physiques en Staps, professorat d’EPS, professorat des écoles, concours de gendarmerie et de police, de l’administration pénitentiaire…),
  • de personnalités du show business,
  • d’hommes et de femmes politiques,
  • de personnes souhaitant simplement s’entretenir, évacuer le stress…...

Pour tous, l’idée de la préparation physique est d’être prêt physiquement et mentalement, ce qui implique d’être en bonne santé.
"Coaché" ou non, chacun pratique une préparation physique en fonction de ses enjeux et objectifs, de ses capacités, de ses ressources et du temps disponible.
Pour ceux qui n’ont pas d’objectifs sportifs ni professionnels et le plus souvent sans la nommer, la préparation physique consiste en footings ou sorties vélo hebdomadaires assortis ou non d’exercices de "gymnastique d’entretien" ou d’étirements. D’autres, pratiquent une préparation physique plus variée (roller, marche en forêt, randonnée, vélo…) voire "moderne" (cross-fit). Quelle qu’elle soit, cette pratique vise le plus souvent plusieurs objectifs sans pour autant être hiérarchisés par les pratiquants :

  • esthétique (être "moins gros", paraître plus athlétique, raffermir…),
  • dynamisme (lutter contre le stress et la fatigue, être capable de courir pour rattraper un bus, de faire ses activités domestiques sans fatigue ni essoufflement…),
  • améliorer sa condition physique sans équivalent en sport (retrouver du souffle, de l’endurance, de la force, de la souplesse…),
  • bien-être (évacuer et/ou mieux supporter le stress, retrouver de l’énergie, prendre plaisir à ressentir son corps, ne plus vivre "un corps de douleur", rencontrer d’autres personnes…),
  • prévention-santé (lutter contre la sédentarité, différer les effets du vieillissement, stimuler voire renforcer son organisme, lutter contre la maladie).

La relation entre la pratique d’activité physique et la santé est acceptée voire visée comme un objectif par le plus grand nombre. Cependant, les effets attendus ne sont pas forcément réalistes, les effets réels et phénomènes sous-jacents sont le plus souvent méconnus.

Quels effets sur la santé peut-on attendre de la pratique d’activités physiques ?

Effets sur le mental
L’activité physique a globalement un effet stimulant, antidépresseur et épanouissant à condition de proposer aux pratiquants :

  • des situations d’exercice nouvelles,
  • dans des environnements variés (en intérieur, en extérieur, en montagne, en forêt, en bord de mer…),
  • en présence d’autres personnes.

Qu’il s’agisse de durée, d’intensité ou de complexité de la tâche et/ou des situations, la progressivité est une caractéristique à donner à la nouveauté.
Il est aussi admis que l’exposition à la lumière naturelle joue un rôle favorable contre la dépression. Ceci incite à s’exercer en plein air ou à se rendre à pied sur le lieu de la pratique ; Quoi qu’il en soit, à s’exposer au moins une demi-heure par jour à la lumière du soleil.

Effet sur l’appareil locomoteur
Contrairement à une idée reçue, fondée sur une analogie avec les machines mécaniques, l’organisme ne s’use que si on ne s’en sert pas ou trop (arthrose, lésions diverses). L’activité physique permet de stimuler ses fonctions et la restauration des tissus (cartilagineux, osseux, nerveux). Elle permet l’entretien de l’appareil locomoteur :

  • passif, c’est-à-dire le squelette (solidification, maintien de la masse osseuse, lutte contre la décalcification…),
  • actif, c’est-à-dire les muscles (volume, force, endurance, souplesse, antagonistes).

Il n’est pas nécessaire de s’entraîner longtemps et avec une intensité élevée pour cela, c’est la fréquence des stimulations générées par l’activité physique quotidienne qui induit ces effets.

Effet de l’activité physique sur le système endocrinien
L’activité physique stimule la libération de certaines hormones et régule la production d’autres. Quelques exemples sont présentés ci-dessous de façon non-exhaustive :

  • Les hormones de la glande thyroïde,"thermostat" et régulatrice du métabolisme énergétique, sont stimulées par :
    • l’exposition à des variations de températures (chaleurs d’été, sorties hivernales, activités aquatiques…),
    • l’activité physique consommatrice d’énergie et libératrice de chaleur.
  • L’hormone arginine vasopressine (antidiurétique) et son antagoniste l’aldostérone sont sécrétées respectivement par l’hypothalamus et les glandes corticosurrénales. Leur production est stimulée par l’exposition à la chaleur, les variations d’hydratation de l’organisme (apport d’eau et sudation).
  • Hormones sexuelles et libido : Si l’entraînement intense est "consommateur" de certaines hormones au détriment de la libido, à l’inverse, l’activité physique modérée serait plutôt stimulante voire régulatrice.
  • L’hormone de croissance continue d’être produite après l’arrêt de la croissance.

Elle participe ainsi à la restauration des tissus. L’activité physique stimule sa production au bénéfice, entre autres, de la masse musculaire et de la densité osseuse.

  • Grand consommateur de sucre et par son effet hypoglycémiant, l’activité physique réduit les besoin en insuline. Ceci est intéressant en particulier chez les personnes diabétiques insulinodépendantes.
  • L’activité physique agit comme un régulateur de l’appétit, dépendant des hormones ghréline et de ses antagonistes la leptine et l’obestatine.
  • L’activité physique stimule la production de l’hormone du stress (adrénaline) et celle de l’humeur (sérotonine) et permet de réguler le sommeil.

L’activité physique en particulier pratiquée en extérieur est alors un entraînement de la fonction de thermorégulation. Autrement dit et de ce point de vue, plus on se protège en évitant de s’exposer à l’environnement, plus on se fragilise. Il ne s’agit pas non plus de se mettre en danger en s’exposant à des températures extrêmes et sans précaution !
En régulant la production de certaines hormones et même en en "consommant" une partie, l’activité physique participe à l’équilibre hormonal. Elle participe à la régulation de nombreuses activités physiologiques et même psychologiques.
Effet de l’activité physique sur l’appareil digestif et le système excrétoire
L’activité physique est consommatrice des nutriments provenant de la digestion, dont les lipides. Les lipides utilisés comme "carburants" ne viennent pas s’ajouter aux réserves de graisse de l’organisme, ni au dépôt de cholestérol des artères (athérome).
L’activité physique stimule l’élimination des déchets :

  • elle amplifie la perspiration,
  • elle stimule la sudation,
  • elle régule la miction (concentration des urines),
  • elle favorise la motilité intestinale post-exercice (Pilardeau,1995).

L’activité physique assure le "massage" des organes et favorise le drainage des tissus sollicités.

Effet de l’activité physique sur le système cardiovasculaire
La pratique régulière, fréquente et prolongée d’une activité physique entraîne des adaptations de l’appareil cardio-vasculaire.
Certaines adaptations portent sur la structure des tissus et des organes :

  • Les activités à dominante aérobie (jogging, natation, vélo, randonnée, roller…) entraînent une cavitation ou augmentation de la taille des cavités du cœur.
  • Les exercices impliquant un travail de force ou d’explosivité, entraîneraient plutôt une pariétalisation ou renforcement et un épaississement du muscle cardiaque.
  • Les tissus sollicités par l’effort seraient mieux vascularisés. A terme, le réseau de capillaires veineux et artériel s’y densifierait : on parle alors de capillarisation.
  • L’entraînement permettrait d’entretenir voire d’améliorer l’élasticité des vaisseaux sanguins dont la rigidité peut résulter de dépôt de cholestérol (athérome) et de la consommation de tabac.
  • L’activité physique préserve pour partie des effets délétères du stress sur l’appareil cardio-vasculaire et améliore sa résistance à cet agent pathogène.

D’autres adaptations portent sur l’activité de ces organes :

  • L’entraînement en endurance aérobie permettrait de réguler l’activité électrique du cœur. Ceci est intéressant pour les personnes sujettes à une arythmie cardiaque non morbide.
  • L’entraînement en puissance et aux changements de rythme stimulerait aussi l’activité électrique du cœur en permettant des adaptations à ce type d’efforts.
  • Si l’effort physique augmente temporairement la tension (pression sanguine), l’entraînement régulier en endurance aérobie est un facteur de lutte contre l’hypertension artérielle.

Certaines de ces adaptations sont immédiates (augmentations de la fréquence cardiaque et du volume d’éjection systolique).
D’autres ne s’installent qu’à la suite d’entraînements fréquents et réguliers pratiqués pendant plusieurs mois voire années (cavitation, pariétalisation, capillarisation, modification durable de l’activité électrique du cœur, baisse de la fréquence cardiaque de repos).
D’autres enfin sont à éviter (décrochage d’un morceau de plaque d’athérome, rupture d’anévrisme, fibrillation cardiaque…). Ceci peut survenir à la suite d’entraînements :

  • peu progressifs,
  • trop intenses,
  • sans respect de période de récupération et de repos,
  • intercalés entre des épisodes tabagiques.

Progressivité de l’effort, récupération et hygiène de vie sont ainsi un minimum à s’imposer.
«  L’activité physique a également un effet positif chez les insuffisants cardiaques, notamment en améliorant la consommation maximale d’oxygène (VO2 max), en améliorant l’endurance à l’exercice […] » Grosclaude et Zilteiner (2010).

Effet de l’activité physique sur le système pulmonaire
L’entraînement en particulier aérobie stimule l’activité mécanique et chimique de la ventilation pulmonaire. Il améliore :

  • les capacités et volumes respiratoires,
  • la souplesse de la cage thoracique,
  • la force des muscles inspirateurs et expirateurs.

L’activité physique est recommandée aux personnes souffrant d’asthme.

Caractéristiques à donner à l’activité physique pour la santé
L’activité physique modérée prescrite à des fins de prévention voire de complément de traitement devra être :

  • régulière (au moins une fois par semaine, l’idéal étant au moins une demi-heure par jour),
  • raisonnée (50% de l’activité maximale de la personne),
  • raisonnable (préservant des incidents ou accidents).

Par ailleurs, celle ne peut pas dispenser d’une bonne hygiène de vie : l’alimentation doit être équilibrée et adaptée à la dépense énergétique et au métabolisme propre à chacun. L’hygiène de vie en général doit être revue régulièrement (sommeil, tabagisme, alcool…).

Relations entre la pratique d’activité physique et diverses fonctions et paramètres physiologiques
Grosclaude & Zilteiner, 2010, inspirés de Williams & Pate, 2005

(Fig. extraite de : Grosclaude & Ziltener, 2010)

Conclusion
Les biens de l’activité physique sur la santé ne sont plus à démontrer. «  A ce jour, de nombreuses publications scientifiques ont montré les bienfaits de l’activité physique tant dans le traitement des maladies chroniques que dans leur prévention […] Aujourd’hui, la liste des bienfaits de l’activité s’est considérablement allongée : optimalisation du système musculo-squelettique, diminution du risque de cancers, amélioration du profil psychologique, diminution de l’incidence de la maladie d’Alzheimer, diminution du nombre d’hospitalisations, amélioration de l’indépendance à domicile du patient âgé » Grosclaude et Zilteiner (2010).
Avec le "sport-santé", le terme "sport" doit être compris au sens large d’activité physique de loisir et non pas le sport de compétition…
Si trop de sport nuit à la santé, l’absence d’activité est tout aussi dangereuse. Le problème est donc une question d’équilibre en particulier pour s’opposer à la sédentarisation qu’offre ou qu’impose (selon le point de vue) les sociétés technologiques.
Mais l’équilibre, ce n’est pas la stabilité inerte : Renforcer l’organisme, c’est renforcer ses capacités de retrouver l’équilibre dont on l’a temporairement privé. Pour cela, il s’agit de s’exposer avec progressivité à des situations qui contraignent l’organisme à s’adapter.

Références :

  • During, B. (1993). Le sport, fait social et historique. In Memento de l’éducateur sportif- Deuxième degré. INSEP.
  • Grosclaude, M. & Ziltener, J.-L. (2010). Les bienfaits de l’activité physique (et/ou les méfaits de la sédentarité). Rev. Méd. et hyg. 6:1495-1498.
  • Martin-Diener, E. (2009). Activité physique et santé. Document de base. Office fédéral du sport OFSPO.hepa.ch. En ligne.-* Oesch, P., Kool, J., Hagen, K.-B. & Bachmann, S. (2010). Effectiveness of exercise on work disability in patients with non-acute non-specific low back pain : Systematic review and meta-analysis of randomised controlled trials. J Rehabil Med ; 42:193-205.
  • Parlebas, P. (1981). Contribution à un lexique commenté en sciences de l’action motrice. INSEP.
  • Parlebas, P. (1992). Le sport, fait social. La Recherche. 23-245 : 858-869.

Voir en ligne : Quels sont les effets de l’activité physique sur l’organisme ?

Ajouter un commentaire

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom